François CavannaLeur bonheur m’importait plus que le mien, beaucoup plus. Mais voilà, je n’avais pas la manière. Ou peut-être aimais-je trop fort, trop dans l’idéal. Trop attentif à l’amour même et pas assez à son objet, l’aimée ? Amour trop nourri de littérature, donc exigeant, donc maladroit ? Je n’ai jamais eu les pieds tout à fait terre, bien solidement crochés au sol. En tout cas, pas les deux pieds à la fois.
Ma seul excuse, c’est que je ne l’ai pas fait exprès. D’ailleurs, je ne me posais pas la question. J’aimais – je peux aimer très fort, vous savez -, je faisais ce qu’on fait quand on aime, quand on aimde très fort. Je ne me souciais pas de savoir si le message était reçu, et agréé, s’il existait une réciproque à mon élan.
Je le vois bien maintenant, je vivais mon amour en égoïste. J’étais sûr qu’elle était heureuse, plus qu’heureuse, puisque je l’étais. Cela allait de soi. J’aurais dû être plus attentif à leur visage, dans les moments d’abandon où elles baissent la garde.