Peter MayleIl regagna la maison complètement trempé de sueur et gravit l’escalier menant à la salle de bains sur des jambes flageolantes.
La douche, un monument d’incommodité digne de figurer dans un musée de la plomberie française avec la mention « fin du XIXe siècle » , se réduisait à un embout relié au robinet de la baignoire par un cordon ombilical en caoutchouc. Ce modèle qui se manœuvrait avec une main n’en laissait donc plus qu’une pour tenir le savon et le frotter sur le corps. Si l’on voulait absolument un savonnage satisfaisant à deux mains, il fallait coincer au fond de la baignoire le pommeau qui se tortillait en crachotant puis le récupérer pour le rinçage, et enfin répéter ces opérations pour chacune des parties du corps. A Londres, se tenir sous un torrent d’eau suffisait ; ici, l’exercice de la douche exigeait des talents de contorsionniste.