Peter MayleLe brouhaha émanant de la foule entassée dans cet établissement à la mode déferla sur lui comme une lame de fond. Le plafond bas et les murs nus à l’acoustique impitoyable faisant office d’amplificateurs respectaient le principe bien établi selon lequel le ton élevé de décibels est nécessaire pour savourer un repas. Bref, le genre d’établissement où le jeune homme romantique est obligé de hurler pour glisser de petits riens à l’oreille de sa dulcinée. Mais de toute évidence cela faisait partie de l’attrait du restaurant car toutes les tables semblaient occupées.
Une jeune et sinueuse créature, moulée dans une sorte de Cellophane noire, s’approcha de Max en roulant de la croupe.
– Avez-vous une réservation pour ce soir ? s’enquit-elle en battant des paupières.
– Je suis censé retrouver Mr. Willis.
– Oh, Charlie. Bien sûr. Suivez-moi s’il vous plait.
– Jusqu’au bout du monde, acquiesça Max.
La jeune femme gloussa et lui montra le chemin avec la démarche ondulante que seuls les mannequins parviennent à pratiquer sans se déboîter une hanche.
Charlie est installé à une table d’angle, un seau à glace posé en face de lui. Il sourit largement en apercevant Max.
– Je vois que tu as fait la connaissance de l’adorable Monica. C’est quelque chose, hein ? La seule fille que je connaisse capable de jouer au tennis en talons hauts.