Jean Teulé– C’est que vous vieillissez.
– Mais quel moyen de sortir de cette langueur ?
– Le plus court mère, c’est de mourir.
Le fils affectueux se signale ensuite par un exploit qui montre à nu la beauté de son âme : il arrache la clé que sa mère porte autour du cou avec laquelle il ouvre un tiroir du secrétaire :
– Je me suis fait avoir une fois, je ne ferai pas avoir une seconde fois…
Il s’empare du testament de la mourante :
– Étant donné que vous possédez de grands biens et craignant d’être défavorisé au profit de demi-sœurs et demi-frères bâtards voire de domestiques, si vous mouriez ab intestat – sans qu’on retrouve vos dernières volontés écrites – je serais l’unique héritier aux yeux de la loi.
La marquise aux jarretières munies de pointes de fer soupire :
– J’aurais préféré que vous teniez de votre père… Et là que faites-vous encore ?
– J’enlève ce portrait de votre mari que je vais bruler et ainsi personne ne saura plus jamais à quoi il ressemblait. J’ai fait casser à la masse les cornes e, pierre de son portail et son blason. J’ai mis le feu à ses lettres. Le roi l’a appris va m’offrir une chaussée à Paris. Rendez-vous compte mère… La chaussée d’Antin !
Et sans un mot de plus, le gros courtisan part sans attendre la mise en bière ni même la mort de sa mère.