François CavannaIl est une source de tristesse plus vacharde encore que la découverte de son premier cheveu blanc. C’est voir blanchir la tête de ses enfants. Si détaché soit-on, on ressent cela comme une violation des lois naturelles. Ce petit bout d’homme qui me cavalait dans les jambes, voilà qu’il me rejoint au club, au club maudit des voyageurs en attente du dernier train ? On se souvient alors de la désinvolture bien imitée avec laquelle on a soi même accueilli le premier fil blanc, c’est pas dur, c’était hier, merde, mais oui, hier, ou le jour d’avant, peut-être, mais pas plus loin ! Je n’ai rien vu, tout m’a filé entre les doigts, et voilà, je ne me suis jamais senti vieux, c’est pour bientôt, d’accord, mais pas pour aujourd’hui !